Le projet de loi relatif au harcèlement sexuel a été
définitivement adopté le 31 juillet 2012.
Il propose notamment une nouvelle définition du délit, des mesures préventives et
un alourdissement des sanctions.
Rappel historique :
Jusqu'à il y a encore 3 mois, le code pénal définissait le
harcèlement sexuel comme "le fait de harceler autrui pour obtenir des
faveurs de nature sexuelle" et punissait ces agissements d'un an
d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende (C. pén., art. 222-33).
Mais, saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité
sur cette disposition, le Conseil constitutionnel a tranché le 4 mai dernier :
"l'article 222-33 du code pénal permet que le délit de harcèlement sexuel
soit punissable sans que les éléments constitutifs de l'infraction soient
suffisamment définis. Ainsi, ces
dispositions méconnaissent le principe de légalité des délits et des peines et
doivent être déclarées contraires à la Constitution". Le Conseil a
ainsi abrogé l'article du code pénal réprimant le harcèlement sexuel, jugé
insuffisamment clair et précis.
Le gouvernement a donc présenté un projet de loi qui a été
définitivement adopté le 31 juillet 2012.
Synthèse :
Une définition unique du harcèlement sexuel dans le code
pénal et le code du travail :
Désormais le
harcèlement sexuel est défini de manière
uniforme dans le code pénal et dans le code du travail : "imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou
comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en
raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une
situation intimidante, hostile ou offensante".
Est également assimilé au harcèlement sexuel le chantage
sexuel, à savoir "le fait, même non répété, d'user de toute forme de
pression grave, dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature
sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au
profit d'un tiers" (C. pén., art. 222-33 et C. trav., art. L. 1153-1).
De nouvelles mesures de prévention introduites dans le
code du travail :
-
Les textes du code pénal relatifs au harcèlement
sexuel et moral doivent désormais obligatoirement être affichés sur les lieux
de travail et également, pour ce qui concerne le harcèlement sexuel, dans les
locaux ou à la porte des locaux où se fait l'embauche (C. trav., art. L. 1152-4
et L. 1153-5).
-
Le droit d'alerte des délégués du personnel est
étendu au harcèlement sexuel et moral (C. trav., art. L. 2313-2).
-
Le harcèlement sexuel est désormais inscrit, aux
côtés du harcèlement moral, dans la liste des domaines dans lesquels
l'employeur est tenu à une obligation de prévention des risques professionnels
(C. trav., art. L. 4121-2).
-
La mission de conseil attribuée par le code du
travail au médecin du travail et à destination des employeurs, des salariés et
de leurs représentants, est élargie à la prévention du harcèlement sexuel et
moral (C. trav., art. L. 4622-2).
-
L'inspecteur du travail est désormais compétent
pour constater les infractions en la matière dans le cadre des relations de
travail (C. trav., art. L. 8112-2).
-
Une protection des personnes en stage ou en
formation : jusqu'à présent, le code du travail prévoyait la nullité
des sanctions, du licenciement ou des mesures discriminatoires prises à
l'encontre d'un salarié, d'un candidat à un recrutement, à un stage ou à une
période de formation ayant subi ou refusé de subir un harcèlement sexuel ou
moral, ou ayant témoigné de tels faits. Cette protection est désormais étendue
aux personnes en stage ou en formation (C. trav., art. L.1153-2 et L. 1153-3).
Des sanctions alourdies :
Les faits de harcèlement sexuel seront désormais punis de 2
ans d'emprisonnement (contre un an auparavant) et de 30000 euros d'amende
(contre 15000 euros auparavant) (C. pén., art. 222-33).
Certaines circonstances aggravantes porteront ces sanctions
à 3 ans d'emprisonnement et 45000 euros d'amende. Sont visés les faits commis :
-
par une personne qui abuse de l'autorité que lui
confèrent ses fonctions ;
-
sur un mineur de 15 ans ;
-
sur une personne dont la particulière
vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience
physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de
leur auteur ;
-
sur une personne dont la particulière
vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation
économique ou sociale, est apparente ou connue de leur auteur ;
par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur
ou de complice.